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SEPTEMBRE 2012

Sylvie Germain

© Bruno Levy / Divergence-images / SDP

"En un quart de siècle Sylvie Germain a publié une trentaine d’ouvrages, dont bon nombre de succès, en France comme à l’international. Puissance tumultueuse de l’imaginaire, densité magnétique du style, profondeur métaphysique de la vision : telles seraient les caractéristiques élémentaires de son œuvre, romans et essais confondus, pour peu qu’on veuille en réduire la foisonnante inspiration à quelques traits saillants. Si la romancière parle à l’esprit des lecteurs autant qu’elle retient l’attention de la critique, c’est avant tout parce qu’elle est une authentique conteuse. Elle sait jouer de toutes les séductions du récit, de tous les sortilèges de la fable, de toutes les hypnoses de la langue pour inventer des histoires tour à tour concrètes et merveilleuses, insolites et cocasses, qui se tiennent sur la ligne du réel, dans le cercle éprouvé du possible, mais basculent régulièrement de l’autre côté du miroir, glissent dans un ailleurs qui n’est peut-être que l’autre versant de la réalité, peuplé de silhouettes volatiles. Aux écrivains qui possèdent l’art subtil du conte il revient d’incarner ce versant, d’évoquer ces silhouettes en donnant formes et contours, mots et métaphores à une réalité extensible qui s’étend dans les à côtés de l’expérience pratique comme en deçà du monde logique de la conscience, au-delà du visible et du tangible.

Les débuts de Sylvie Germain coïncident avec le milieu des années 1980 - époque taraudée par le travail de mémoire, les questions adressées à un siècle en cours d’achèvement, les mutations d’une littérature qui réhabilite après l’ère du soupçon et certaines dérives formalistes sa vocation à la représentation. Le Livre des Nuits (1985) et Nuit d’Ambre (1987) forment un diptyque romanesque qui parcourt le vingtième siècle et interroge les soubresauts d’une civilisation européenne confrontée aux chocs successifs des guerres, du conflit franco-prussien à la guerre d’Algérie via les deux conflits mondiaux. La fiction interroge l’Histoire. Mais la trame légendaire des épisodes, l’intrusion du surnaturel, les expansions poétiques, l’écriture baroque entretiennent simultanément le mystère des origines et une fascination pour des destinées humaines que guident des forces psychiques irréductibles à la conscience.

Dans la dernière décennie du vingtième siècle, avec des ouvrages comme Immensités (1993) ou Éclats de sel (1996), l’œuvre s’inscrit dans la réalité historique d’une Europe de l’Est en pleine recomposition. Les boussoles, qu’elles soient géopolitiques ou intimes, se cherchent de nouveaux réglages au gré des utopies défaites ou des amours trahies. Docteur en philosophie, fine lectrice de Levinas, Sylvie Germain excelle à faire d’une histoire romanesque le support d’une méditation portant sur la porosité des identités, le souci de l’autre, de son visage, de sa présence, les formes actuelles du bien et du mal, le sentiment de culpabilité. Elle ouvre l’espace romanesque à des réalités parallèles qui incluent la somme des rêves, des œuvres et de l’esprit des morts, somme accumulée d’âge en âge et disséminée dans les inconscients collectifs, comme un dépôt du temps passé inscrit à même le monde des vivants (Céphalophores, 1997).

 

Dans la première décennie du XXIe siècle, les romans de Sylvie Germain adoptent une ligne plus ascétique, un style épuré et une composition simple renonçant aux jeux d’enchâssements comme aux effets de miroir (Hors champ, 2009). Sans renoncer aux plaisirs d’une fiction à rebondissements (Magnus, 2005), la romancière dépouille son art romanesque qui semble ainsi coïncider au mieux avec l’une de ses thématiques récurrentes : l’expérience de la révélation. La question de la transcendance, les interférences du profane et du sacré, l’interrogation religieuse, l’élan mystique nourrissent une œuvre qui cultive le sens de la parabole et fait de son dialogue avec la culture biblique, qu’elle soit littéraire ou iconographique, un enjeu romanesque permanent (Tobie des Marais, 1997). Les romans et les essais entretiennent l’idéal d’une alliance nouvelle qui, par delà les forces mortifères, unirait l’être à l’univers qu’il habite, aux autres qui lui permettent de se mesurer lui-même, à la langue qu’il parle, aux livres et images qui le façonnent. Écrite depuis la conscience lancinante d’un désenchantement qui accompagne l’âge moderne dès la fin du XIXe siècle, l’œuvre tente à la fois de réenchanter notre rapport au monde et d’entretenir un état aigu d’inquiétude. C’est dans la délicatesse de cet écart que Sylvie Germain trace son chemin de mots, de fables et de pensées. Son œuvre en cela nous ramène à l’essentiel, là où tant d’autres, purs produits de l’industrie des loisirs, nous en divertissent. Si la littérature est là pour prendre en charge la douleur du monde, elle existe aussi pour en raviver les couleurs, en revivifier les saveurs, en intensifier les reliefs, en donner à entrevoir l’illimité."

 

Bruno Blanckeman

Ancre 1

Programme 2012

VENDREDI 3 AOUT

ABBAYE DU MOUTIER D'AHUN |

21 heures - Prologue

Lectures : Sylvie Germain par Jean-Christophe Cochard.

JEUDI 27 SEPTEMBRE

LYCÉE PIERRE BOURDAN |

· 16 heures - Rencontres avec des lycéens de la Région Limousin

Sylvie Germain & Pierre Michon.

CINÉMA LE SÉNÉCHAL |

· 21 heures  - Projections-débats

Carte blanche à Sylvie Germain.

Le septième sceau, d'Ingmar Bergman, présenté par Pierre Deshereaud.

 

Exposition

"Sept Rencontres de Chaminadour à Guéret".

VENDREDI 28 SEPTEMBRE

THÉÂTRE DE LA FABRIQUE |

· 9 heures - Présentation

"Bienvenue à Chaminadour", par Olivier Rolin.

Après chaque conférence, des textes choisis par les intervenants dans l'œuvre de Sylvie Germain seront lus par Jean-Christophe Cochard.

· 9 heures 15 - Conférence

"Écriture et réécritures de la légende dans l’œuvre de Sylvie Germain, par Aude Bonord.

· 10 heures - Conférence 

"Sylvie Germain : une présence folle saturée d'absence", par Milène Stefkovic.

· 10 heures 45 - Conférence

"L’air, le souffle, le vent : une œuvre pneumatique", par Alain Goulet.

BIBLIOTHÈQUE MULTIMÉDIA DU GRAND GUÉRET |

11 heures 30 - Inauguration, exposition

"Tobie des marais", photographies de Tadeusz Kluba.

THÉÂTRE DE LA FABRIQUE |

 

· 14 heures - Conférence

 

"Le roman germanien et les variations du contrat de lecture : de l'immersion à l'interprétation", par Hélène Boblet.

· 14 heures 45 - Conférence

"Le 'mystère de l'enchantement' dans l'œuvre de Sylvie Germain", par Bruno Blanckeman.
· 15 heures 30 - Conférence

"La représentation et la délivrance : l'image dans Tobie des marais et L'Inaperçu, par Jean-François Frackowiack.

· 16 heures 15 - Conférence

"Repriser, ravauder, suturer : la 'fil-littérature' de Sylvie Germain

dans Magnus et Le Monde sans vous", par Lorine Bost.

 

MUSÉE DE LA SÉNATORERIE |

· 18 heures 30 - Inauguration, exposition

Le songe de Constantin, tapisseries XVIIe et XVIIIe siècles (Fonds du Musée Départemental de la Tapisserie d'Aubusson)

Commissaire: Bruno Ythier

THÉÂTRE DE LA FABRIQUE |

· 21 heures - Lectures

Sylvie Germain par Marie-Christine Barrault, Pierre Michon & Olivier Rolin.

SAMEDI 29 SEPTEMBRE


THÉÂTRE DE LA FABRIQUE |
 

· 9 heures - Lectures

L'Astrologue par Bernard Blot, Jean-Marie Chevrier et Daniel Taboury.

· 9 heures 30 - Conférence

Traducteur de l'œuvre de Sylvie Germain.

· 10 heures 15 - Table ronde des métiers du livre

Avec Joëlle Faure, Marie Chaudey, Richard Ducousset, Alain Gorius,

Bertrand Py, Jean-Paul Tingaud.

Avec la participation de Jean-Bertrand Pontalis.

Modération: Xavier Houssin.

· 14 heures - Débat

Sylvie Germain & Pierre Michon.

Modération: Nathalie Crom.

· 15 heures - Table ronde

"Les amis écrivains", avec Sylvie Germain, Françoise Henry,

Juliette Kahane, Yves Ravey.

Modération : Nathalie Crom.

· 16 heures - Table ronde

"Les nouveaux malfaiteurs", avec Sylvie Germain, Patrick Deville, Pierre Michon, Olivier Rolin, Jean-Baptiste Harang.

· 16 heures 45

Présentation par Jean-Pierre Le Dantec de Circus 2 d'Olivier Rolin, éditions du Seuil et des « Carnets de Chaminadour n° 7 "Olivier Rolin".

ÉGLISE SAINT-PIERRE SAINT-PAUL |

· 21 heures - Concert

Les 7 dernières Paroles du Christ en croix de Joseph Haydn par

le Quatuor Annesci et Alain Carré, récitant. Seule œuvre de musique sacrée pour quatuor à cordes. Elle est illustrée par des textes écrits par Sylvie Germain.

DIMANCHE 22 SEPTEMBRE

MUSÉE DE LA SÉNATORERIE |

· 10 heures - Débat

Sylvie Germain & Bruno Ythier

DANS LES RUES DE GUÉRET |

· 11 heures - Cavalcade

La fête du bœuf gras

Défilé d’un bœuf enguirlandé et de tous les participants aux rencontres. Musique : Thierry Bourguignon.

 

DANS LES JARDINS DE LA MAISON JOUHANDEAU |

· 14 heures 30 - Lectures

Chaminadour, de Marcel Jouhandeau par Bernard Blot.

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